Carl Einstein est en particulier très attaché à l’ethnologie et à l’histoire de l’art. Une chose est sûre : Georges Bataille, dans une note de bas de page de l'introduction, le remercie en ces termes : “Ce livre est aussi pour une part importante l'œuvre d'Ambrosino” [...] Il ne fait pas de doute que Bataille a écrit seul ce livre. En 1932, il décide de penser à la fois à partir de Hegel tel que présenté par Kojève, à partir de Marx (de la doctrine de la lutte des classes enracinée dans la révolution russe), mais aussi avec « une option matérialiste qui lui permet de publier, en compagnie de Queneau, Critique des fondements de la dialectique hégélienne dès 1932, et à partir de Freud (...) ou du moins de ce qu'il entend comme constituant la thèse de Freud sur la sexualité[306]. Bataille avait d'ailleurs un projet d'études, abandonné, intitulé « Les récits de Maurice Blanchot »[208], et envisagea d'inclure dans le deuxième volume de la Somme athéologique un essai intitulé « Maurice Blanchot »[209]. Bataille s'était épris d'une prostituée, Violette, qu'il voulait sortir de sa condition, mais il ne la revit plus après plusieurs visites car elle avait été déplacée. Mais le plus virulent accusateur est sans doute Souvarine qui déverse sur l'auteur un monceau d'insultes, l'accusant d'être « détraqué sexuellement », « libidineux », voire intellectuellement pervers, d'avoir prêté à Simone Weil les traits de Lazare dans Le Bleu du ciel parce qu'elle est juive, ajoutant qu'on devine le mot qu'il n'ose pas prononcer, en pensant à la mère de sa fille (Sylvia Bataille est juive). Je dirai l’occasion d’où ce rire est sorti : j’étais à Londres (en 1920) et devais me trouver à table avec Bergson ; je n’avais alors rien lu de lui (ni d’ailleurs, peu s’en faut, d’autres philosophes) ; j’eus cette curiosité, me trouvant au British Museum je demandais le Rire (le plus court de ses livres) ; la lecture m’irrita, la théorie me sembla courte (là-dessus le personnage me déçut : ce petit homme prudent, philosophe !) Finalement, Girodias se retire en décembre 1958, et le projet avorte. Le groupe a en outre sa permanence au Bureau des recherches surréalistes, 15 rue de Grenelle, et à partir du premier décembre, son organe : La Révolution surréaliste[38]. On peut trouver trace de leurs affinités dans leurs livres : Faux-pas offre un catalogue des sujets sur lesquels Bataille réfléchit pour L'Expérience intérieure. En 1929, dans le Second manifeste du surréalisme, Bataille est violemment pris à partie par Breton tout comme Vitrac, Masson, Desnos et l’ensemble du « groupe Bataille »[67], qui réplique en 1930 par un pamphlet très virulent intitulé Un Cadavre[68]. Ainsi, à l'encontre de l'économie classique, mêlant réflexions sur le pouvoir, la politique, la religion, l'économie, la métaphysique, la physique et la biologie, La Part maudite (publiée aux Éditions de Minuit en 1949) apparaît comme un vaste projet de repenser le monde et l'humanité à partir de « la notion de dépense ». Il a même rédigé seul, en mars 1936, sans l'avis de Breton, un tract intitulé « Travailleurs, vous êtes trahis », y apposant la signature de Breton et des surréalistes, joignant au tract un bulletin de souscription au Comité contre l'Union sacrée ce qui consomme la rupture avec le groupe en avril de la même année[330]. Bataille y a donné sa première conférence le 17 janvier 1938 intitulée « Attitude devant la mort », indiquant ainsi l'importance du sujet. [...] il reste à Laure trois années à vivre. « [...] la base de la communication n'est pas nécessairement la parole, voire le silence qui en est le fond et la ponctuation, mais l'exposition à la mort [...] », Maurice Blanchot. » Caillois raconte lui-même, dans un entretien[172], que Bataille lui aurait confié le rôle de sacrificateur ; mais ce témoignage paraît aussi douteux que ceux des autres « témoins » sur la question du « sacrifice humain », Michel Surya faisant ce commentaire : « On imagine assez mal Bataille confier à un non-“conjuré” le rôle majeur du sacrificateur dans cette cérémonie extravagante. C'est aussi l'époque où il écrit (entre 1942 et 1944) son récit sans doute le plus scandaleux, Le Mort, qui ne sera publié qu’en 1964, après sa mort. Ils décident de créer un groupe : le collège Socratique, dont les deux maximes essentielles pour Bataille sont « connais-toi toi-même » et « Je ne sais qu'une chose: c'est que je ne sais rien » ce qui, ironiquement était à la base de « l'Expérience intérieure » et du « Non-savoir ». Selon lui, la manifestation du cours de Vincennes est un échec. »[153]. Il revient sur cet événement important à deux reprises, la première fois dans L’Expérience Intérieure : « le rire était révélation, ouvrait le fond des choses. » [305] Ceci autorise à s'interroger sur la nature de cette philosophie, que Bataille apparente à « une anti-philosophie »[note 49], du moins un discours philosophique paradoxal et hétérodoxe qui, dans le sillage de Nietzsche, trouble l'histoire de la philosophie traditionnelle, interroge sa part de non-dit, de refoulé, « sa part maudite ». « Évidemment, ce que j'ai à dire est tel que son expression a plus d'importance pour moi que le contenu. Georges Bataille lui-même reconnaît que s'il a été traité de « nouveau mystique », il en est lui-même responsable : « Quand je fus traité de nouveau mystique, je pouvais me sentir l'objet d'une erreur vraiment folle, mais quelle que fût la légèreté de celui qui la commit, je savais qu'au fond, je ne l'avais pas volé[195]. Mais les différends entre Bataille et Girodias s'aggravent au cours de l'élaboration du projet, notamment sur les questions de financement, mais aussi parce que Girodias souhaite, comme il l'écrit dans une lettre à Bataille du 11 août 1958, que Genèse s'adresse davantage au « lecteur moyen[289] ». Bataille a terminé Madame Edwarda en octobre 1941, se consacrant aussitôt à un petit texte Le Supplice qui deviendra la partie centrale de L'Expérience intérieure, premier livre publié sous son nom réel d'auteur, Georges Bataille (mis à part la plaquette Notre-Dame de Rheims, en 1918[210]). Dès 1933, avec La Notion de dépense, il invite à une véritable révolution conceptuelle sur l'économie générale, soulignant l'importance de la « dépense improductive »[328]. Il quitte l'appartement où il vivait avec sa mère et son frère 85 rue de Rennes. Trois livres de Bataille paraissent simultanément chez trois éditeurs différents en 1957 : chez Gallimard La Littérature et le mal, aux Éditions de Minuit L'Érotisme, chez Pauvert Le Bleu du ciel. Ce souvenir me paraît le plus terrible de tous, « son affaire en ce monde était d'écrire, en particulier d'élaborer une philosophie paradoxale, « il est probable même qu'en père de famille attaché au sort des siens, il leur enjoignit de partir (ils partirent à Riom-ès-Montagnes), « Elle avait cessé de donner la vie ; elle s'étend comme un cadavre, « Je ne sais plus ce qu'il m'arrivera à travers la tête car il y a déjà longtemps que ma pauvre tête porte je ne sais quoi qui la promet à toutes les aventures, « on aurait tort de croire, si vive qu'en ait été la révélation, que le rire remplaça sans délai la révélation qu'il eut en 1914, « Un petit animal de cette race me semble propre à mettre le feu dans un lit de façon plus ravageante que n'importe quelle créature, « Les difficultés que rencontra Nietzsche - lâchant Dieu et lâchant le bien, toutefois brûlant de l'ardeur de ceux qui pour le bien ou Dieu se firent tuer - je les rencontrai à mon tour, « L'année 1924 voit la fondation officielle du groupe surréaliste. » D'autres rites étaient culinaires : un repas quotidien dont le vin était proscrit. » Bataille est entouré d'autres transfuges du surréalisme, Raymond Queneau, Michel Leiris, qui vont aussi former plus tard le groupe Bataille, soutenant Bataille lorsque Souvarine se montre réservé sur certains sujets, comme c'est le cas pour La Notion de dépense que Souvarine publie sans l'approuver[123]. » Bataille s'est adressé au juge non pas en tant qu'écrivain et ami de Pauvert, mais en tant que bibliothécaire et « philosophe ». Simone Weil conteste la présence de Bataille dans le Cercle communiste démocratique. « Ce pseudonyme lui fut suggéré par Souvarine. 1924 est une année-clé dans la carrière et l'évolution politique de Bataille. Si le Kremlin cherche une domination mondiale, il ne suffit pas de s'en indigner, il faut agir : la paix n’est possible qu’armée. Mais hors de l'église, que lui reste-t-il ? Michel Leiris a qualifié ces rites de « canulardesques », ainsi qu'il l'a déclaré dans un entretien avec Michel Surya[163]. Secrètement ou non, il est nécessaire de devenir tout autres ou de cesser d’être », « Il m'a semblé que la pensée humaine avait deux termes : Dieu et le sentiment de l'absence de Dieu ; mais Dieu n'est que la confusion du SACRÉ (du religieux) et de la RAISON (de l'utilitaire) [...] Mais s'il n'est plus la même chose que la raison, je suis devant l'absence de Dieu. C'est à lui cependant, de même qu'à Pierre Klossowski, qu'on doit de savoir le peu qu'on sait d'Acéphale. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Au même titre, D&D s’appuie sur l’imagination. Position dénoncée par Breton et les surréalistes qui ont quitté Contre-Attaque dès 1936 : Bataille est accusé de sur-fascisme, alors qu'il appelait à la mobilisation ouvrière en dehors de l'appareil communiste et même contre lui[329]. Madame Edwarda ne fait pas exception : la gêne, la douleur, l'accablement et la mort font partie du plaisir sexuel. Les échecs s’imposent, avec le go, comme l’un des jeux de société les plus exigeants de toute l’histoire de l’humanité. On peut donc supposer qu'il firent partie de cette réunion préparatoire[144] ».,[note 12]. Il s'agit d'un être mythologique : « L'homme a échappé à sa tête comme le condamné à la prison. », Acéphale (la société secrète) était le projet d'« une communauté », et d'une « religion », comme Bataille l'écrivit lui-même dans ses notes en commençant Le Coupable (projet de préface à La Somme athéologique) : « je me croyais alors, au moins sous une forme paradoxale, amené à fonder une religion », projet qu'il qualifie d'« erreur monstrueuse »[151], ce qui ne l'a pas empêché d'aller jusqu'au bout du possible, dépassant les limites, atteignant « l'illimité possible de la pensée », pour fonder une religion paradoxale : une religion de la mort de dieu[note 15]. Lascaux ou la naissance de l'art, et paraît chez Skira en 1955. »[161] Plus tard, Bataille prit conscience de sa « monstrueuse intention », celle de fonder une religion, ce qu'il exprimera ainsi : « Ce fut une erreur monstrueuse, mais réunis, mes écrits rendront compte en même temps de l'erreur et de la valeur de cette monstrueuse intention[173] », qui consistait à « tout mettre en jeu ». [...] Non qu'il fût moins amoureux [...] Bataille débauché est, « La seule évocation littéraire de ce mariage n'est donc pas seulement tardive, elle est aussi, sans recours, négative, portée au pire, comme le furent généralement toutes celles de sa vie privée [...] comme le sera [...] celle de la mort de sa mère, en 1930 », « l'horreur de la mort est réelle, et les pleurs le sont... Mais l'agenouillement, mais les prières, mais la supplication ? Il s'agit de détailler le château fort par une nuit de tempête et imaginer comment un aventurier réagirait aux défis que représente cette scène. Deux événements le sortent de sa torpeur : la prestation d'un chanteur de flamenco à Grenade, et une corrida du 7 mai 1922 à Madrid où le matador Manuel Granero est mutilé par le taureau qui lui défonce l'œil droit. Bataille y rencontre Dora Maar[135]. Je puis maintenant admirer à loisir ces peintures stupéfiantes à même la roche, si parfaites et si fraîches qu'elles me semblent d'hier, « Je me figure Manet, au dedans, rongé par une fièvre créatrice qui exigeait la poésie, au-dehors railleur et superficiel. » Chez Bataille, il y a selon Sartre une tentative d'exprimer par un discours rationnel, percé d'extases lyriques, une expérience qui se refuse par essence à la logique[397]. Au-delà de ce que je suis, je rencontre un être qui me fait rire parce qu'il est sans tête, qui m'emplit d'angoisse parce qu'il est fait d'innocence et de crime : il tient une arme de fer dans sa main gauche, des flammes semblables à un sacré-cœur dans sa main droite. À l'époque où le Musée d'ethnographie du Trocadéro[note 7] est dirigé depuis 1927 par Paul Rivet, les ethnologues de la revue réclament une nouvelle conception du musée, fondée sur un retour au concret qui préfigure ce que Claude Lévi-Strauss appellera « le musée d'anthropologie ». Le critique le plus virulent est sans doute Jean-Paul Sartre qui rédige, à la parution de L'Expérience intérieure en 1943, une critique cinglante en trois volets[note 57],[394]. Plusieurs autres pays ont accueilli les écrits de Georges Bataille, par la publication de traductions et essais critiques, dont rend compte un numéro spécial de la revue Critique (no 788-789, janvier-février 2013, Les Éditions de Minuit), intitulé « Georges Bataille. Les joueurs doivent alors mettre une carte face cachée (sans la regarder au passage) sur la carte initialement posée, puis la carte suivante de leur paquet face apparente. Selon Laurence Bataille, le personnage d'Édith dans Le Bleu du ciel est sans aucun doute celui de la femme de Bataille[57]. Après la mort de Georges Bataille en 1962, la connaissance de ses œuvres reste longtemps limitée à un cercle restreint d'intellectuels, cet auteur n'étant que très peu lu dans le grand public[403]. Tous les phénomènes sociaux caractérisés par la violence sont hétérogènes : « La réalité hétérogène est celle de la force ou du choc[315]. Session 2020. Elle est également surnommée « la Laure de Georges Bataille [176]»[note 21]. La question a été parfois soulevée de la part qui revient à Georges Ambrosino[note 34] dans ce livre. Pourtant, ses règles restent vraiment très faciles à comprendre et à appréhender. AS Peu après la parution du premier numéro de la revue, « le 31 juillet, [Bataille] convoqua au 80 de la rue de Rivoli, au sous-sol du café À la bonne étoile, ses collaborateurs éventuels à une réunion de préparation du deuxième numéro. Son anti-idéalisme s'y déchaîne : « l'intérêt de la revue de Georges Wildenstein permet de saisir le moment historique où Georges Bataille [...] excède les limites imparties à la revue érudite pour s'attaquer à l'idéalisme funeste[97]. ». » Les biographes ne s'accordent pas sur les circonstances de sa mort.